Histoire du Salon des Artistes Indépendants
Par Jean Monneret
C'est en 1884 qu'une poignée de jeunes artistes, mais maîtres en puissance, Signac, Seurat, Cross, Angrand, Dubois-Pillet, Luce - sur l'idée des précurseurs, Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Gauguin et Odile Redon - fondèrent la Société des Artistes Indépendants.
Ils abordèrent d'emblée la fière devise, toujours vivante : "Ni jury, ni récompense" et la parèrent du rouge et du bleu, couleurs de Paris, en témoignage de reconnaissance de l'accueil favorable des édiles municipaux dès sa fondation. Un Commandant de la Garde Républicaine, Dubois-Pillet, peintre éminent, se chargea de porter les statuts, fraîchement rédigés, sur les fonts baptismaux d'un notaire de Montmorency.
Cette liberté, résultant de l'abandon de jury, fit naître aux Indépendants : le divisionnisme, ou néo-impressionnisme de Signac, Seurat, Cross... l'origine du fauvisme. En 1908, on peut voir "La Calanque" de Georges Braque et c'est la première toile cubiste.
Des noms ? Au hasard des pages signées de nos procès-verbaux : Toulouse-Lautrec, Seurat, Rousseau, Cézanne, Signac, Cross, Matisse, Manguin, Léger, Marquet, Bonnard, Guillaumin, O. Redon... Ce n'est pas une litanie : de Delaunay à Kandinsky, de Van Dongen à Vlaminck, de Gauguin à Vuillard... de Brancusi à Henri Laurens... La jeunesse, le génie, la liberté !
Les bords de la Seine, avec continuité, ont vu défiler, la toile sous le bras, tous ces grands noms qui ont fait la gloire de l'Art français.
"Ni jury, ni récompense", cette fenêtre ouverte sur la liberté est plus que jamais d'utilité publique.
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