Je n'oublie pas tout ce que je dois à votre père, dont j'ai eu la chance d'être l'élève et que je ne manque pas de citer.
Grâce à lui j'ai appris à sentir la délicatesse d'un modelé, à prendre le temps de tendre les formes, sans sécheresse, en les poussant de l'intérieur, pour en exprimer toute la vitale palpitation. Avec le modelage il m'initia aussi au moulage en enrichissant mes connaissances alors très empiriques, de sa longue expérience acquise auprès des mouleurs d'art dont il nous dévoilait les secrets d'atelier.
Puis, rue Falguière, j'appris de lui à maitriser la pierre par la pratique de divers exercices avant d'aborder la mise au point et la taille directe.
J'étais fier et heureux de lui offrir, il y a quelques années, en témoignage de ma reconnaissance, l'une de mes premières médailles, éditée par la Monnaie de Paris, qu'il aimait montrer, m'a-t-on dit, à ses élèves.
Enfin, tout ce savoir acquis auprès de lui, complété par des années de pratique et d'expérience, font qu'aujourd'hui, j'ai le grand bonheur de travailler à une oeuvre monumentale dont nous espérons tous l'aboutissement, dès que les fonds, collectés par souscription internationale, permettront son agrandissement et sa fonte.
Gaëtan Ader - sculpteur
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Ancien élève d'André Del Debbio, Patrice Mesnier rend un vibrant hommage à son maître sur son site Internet :
http://www.art-metal-sculpture.eu/dossier-presse-mesnier.htm
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"A notre artiste et professeur M. Del Debbio,
Nous sommes là tous devant vous et nous voulons honorer l'Artiste que vous étiez durant toute votre vie, dépassant le siècle.
J'ai assisté à la création du portrait de la Joconde en 3 dimensions; hommage à votre compatriote Léonard de Vinci. Ce fût un bonheur pour moi de découvrir votre talent. A ce jour, vous serez en osmose avec l'homme que vous admiriez.
Ainsi, la vie se dessine pour chacun d'entre nous pour le meilleur ou pour le pire mais pour vous, il y avait surtout du bonheur puisque l'Art était votre idéal.
Quant à vos élèves, la fidélité a été de mise, et nous vous remercions pour tout ce temps passé auprès de vous, et réciproquement.
Loin de vous, nos pensées vous suivront sous l'oeil bienveillant de votre inspirateur Léonard de Vinci.
Nous nous retrouverons un jour ou l'autre, peut-être aurez-vous encore de bons conseils à nous prodiguer.
Nous ne sommes pas loin, juste de l'autre côté.
Votre élève, Marylin"
Marylin, modèle puis élève
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"La disparition de Monsieur Del Debbio marque pour moi la fin d'une époque pendant laquelle il me transmit son savoir et son art qui m'ont permis de devenir sculpteur. Et il ne se passe jamais très longtemps sans que je rappelle le nom de mon Maître André Del Debbio."
Annick Aublet, sculpteur
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"Mon maitre, mon ami André Almo Del Debbio, en ce printemps, à 102 ans, vous avez franchi le pas, et je sais votre départ comme une espérance. L'oeuvre accomplie vous avez attendu sage et serein cette mort comme une floraison secrète, mystérieuse.
Et pour vous accompagner, je voudrais vous dire ces quelques mots de Rainer Maria Rilke
au temps où il fût le compagnon de route d'un autre sculpteur :
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« ... O mon Dieu, donne à chacun sa propre mort,
donne à chacun la mort née de sa propre vie
où il connut l'amour et la misère .
Car nous ne sommes que l'écorce, que la feuille,
mais le fruit qui est au centre de tout
c'est la grande mort que chacun porte en soi.
C'est pour elle que les jeunes filles s'épanouissent,
et que les enfants rêvent d'être des hommes
et que les adolescents font des femmes leurs confidentes
d'une angoisse que personne d'autre n'accueille.
C'est pour elle que toutes les choses subsistent éternellement
même si le temps a effacé le souvenir,
et quiconque dans sa vie s'efforce de créer,
enclot ce fruit d'un univers qui tour à tour le gèle et le réchauffe.
Dans ce fruit peut entrer toute la chaleur
des coeurs et l'éclat blanc des pensées ;
mais des anges sont venus comme une nuée d'oiseaux
et tous les fruit étaient encore verts.
Seigneur, nous sommes plus pauvres que les pauvres bêtes
qui, même aveugles, achèvent leur propre mort.
Oh, donne nous la force et la science
de lier notre vie en espalier,
et le printemps autour d'elle commencera de bonne heure.
Car ce qui fait la mort étrange et difficile,
c'est qu'elle n'est pas la fin qui nous est due,
mais l'autre, celle qui nous prend
avant que notre propre mort soit mûre en nous.
....
Fais, Seigneur, qu'un homme soit saint et grand
et donne-lui une nuit profonde, infinie,
où il ira plus loin qu'on ait jamais été ;
donne-lui une nuit où tout s'épanouisse,
et que cette nuit soit odorante comme des glycines,
et légère comme le souffle des vents,
et joyeuse comme Josaphat.
Fais qu'il parvienne enfin à la maturité,
qu'il soit si vaste que l'univers suffise à peine à le vêtir ;
et permets-lui d'être aussi seul qu'une étoile
pour qu'aucun regard ne vienne le surprendre
à l'heure où son visage change, bouleversé.
Fais que le temps de son enfance ressuscite dans son coeur ;
ouvre-lui de nouveau le monde des merveilles
de ses premières années pleines de pressentiments.
Fais qu'il lui soit permis de veiller jusqu'à l'heure
où il enfantera sa propre mort,
plein d'échos comme un grand jardin
ou comme un voyageur qui revient de très loin... »
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Extraits du « Livre de la pauvreté et de la mort »
de Rainer Maria Rilke traduction de Arthur Adamov"
Georges Ayvayan, sculpteur et professeur de sculpture à l'Académie Julian
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"J'ai eu un père modèle. En effet, petit garçon, mon père a été mon modèle, comme la plupart des fils, je crois.
Puis, à 14 ans, mon père m'a pris pour modèle. C'est à dire que j'ai posé pour lui. Ainsi, il m'a donné vie une seconde fois, en modelant mon portrait. Il m'a assez bien réussi, apparemment.
Par ailleurs, ma mère a été son modèle avant de devenir son épouse.
Enfin, il est arrivé que mon père soit lui-même un modèle pour ses élèves qui suivaient assidûment ses cours. Et puis, parfois, mon père a été un modèle tout court, pour une poignée d'élèves qui ont eu l'audace de faire son portrait, sous forme de buste ou de bas-relief. L'un de ces bustes est ici.
Qui dit modèle dit modelage, et cette force de démiurge pétrissant la terre glaise pour en faire jaillir la beauté transcende la fidèle reproduction d'un visage ou d'un nu.
Son credo était : il faut arriver à transposer.
Ainsi, il nous laisse des oeuvres que l'on peut continuer à contempler. Il laisse plusieurs générations d'élèves, devenus à leur tour qui artistes peintres, qui sculpteurs, qui professeurs.
Lui qui a passé sa vie à transmettre, à vous tous qui êtes réunis en ce lieu aujourd'hui, je veux transmettre ma profonde gratitude et mes sincères remerciements.
Papà, hai lavorato bene. Adesso, pouoi riposarti in pace."
Christophe-Emmanuel Del Debbio, réalisateur
Fils d'André Almo Del Debbio
http://www.deldebbio.net/?p=435
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"Votre père, le "Patron" m'a appris toutes les bases de la sculpture sur pierre et ma première sculpture en taille directe a été réalisée impasse Ronsin, exposée au salon des Indépendants en 1969 sur ses conseils et achetée par l'Etat !! à ma plus grande surprise ! Jamais je n'oublierai...
Son oeuvre témoigne de la beauté des êtres, beauté intérieure qu'il a révélée par la maitrise des formes et des volumes généreux toujours pleins de la vie et de son mystère..."
Michèle Radix, peintre et sculpteur
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"Je me souviens très bien de lui lorsqu'il était venu me rencontrer au CAS. Son énergie, sa forte voix, son assurance et son oeuvre. Il figure d'ailleurs dans le catalogue comme un des maîtres de l'action artistique de son temps. Il a connu tous les créateurs, a été une sorte de pont à travers l'enseignement qu'il prodigua à ses élèves de l'académie Julian. Il a eu la chance de vivre une période de créativité exceptionnelle et d'y participer avec talent. J'ai été heureuse de savoir que jusqu'au dernier moment, lorsqu'il s'était retiré à la maison des artistes à Nogent, il continuait à organiser des expositions.
Son voyage à Carrare a du être un moment magique, dans ce lieu qu'il avait fait sien en apprivoisant les pierres pour les façonner à son inspiration. Il a eu le privilège d'avoir créé une oeuvre qui lui survivra, taillée dans le marbre à tous les sens du terme. A l'heure actuelle, la sculpture commence à réapparaitre et son talent va certainement connaitre une redécouverte par la génération actuelle. Je crois pleinement en les suites positives de sa carrière artistique posthume,
Son âge, 102 ans était aussi extraordinaire que sa personnalité était forte, son souvenir restera dans la mémoire de tous ceux qui l'ont rencontré."
Marie-Hélène Parinaud, journaliste et historienne
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"En ce jour de profonde tristesse, je vous adresse mes condoléances très sincères ainsi que celles de tous les Membres de mon Comité.
J'avais eu le bonheur d'être des vôtres pour les 100 ans de notre si merveilleux Sociétaire, à l'Espace Champerret.
Il avait conservé l'élégance des illustres artistes, son sens de l'humanité, humble malgré une carrière internationale.
A Carrare il devait tout et Carrare lui devait tant !
Bel hommage que celui qui lui est consacré à Nogent sur Marne.
Pour notre part nous conservons dans notre Société des Artistes Indépendants, le souvenir d'un Vice-Président durant de longues années, efficace et ayant beaucoup apporté aux jeunes sculpteurs.
Que tous ses élèves, si nombreux, n'oublient jamais la chance inouïe d'avoir été complices de son Art et si proches de lui.
Je vous prie de croire, Chers amis, à toute mon affection et mon immense respect."
Dominique CHAPELLE
Présidente-Fondatrice de la Fédération Nationale de la Culture Française
Présidente de la Société des Artistes Indépendants-Grand Palais-Paris
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